Aller au contenu principal

Ejo, demain commence maintenant

Jeudi 21 septembre 2023
#EJO
#Vivre ensemble
#Education

Lancé en partenariat avec l'Agence Française de Développement (AFD) en 2019 pour une durée de 3,5 ans, Ejo (« Demain » en Kirundi) est une initiative d’éducation par le sport déployée au Burundi, au Kosovo, au Sénégal, au Libéria et, dans le cadre de son incubateur, dans d'autres pays d'Afrique de l'Ouest. Objectif ? Favoriser l'accès de tous les enfants à une éducation active et inclusive (Objectif de Développement Durable n°4 : éducation de qualité) pour les publics les plus vulnérables comme les filles, les enfants en situation de handicap ou les minorités communautaires. Le projet ayant été renouvelé, Ejo rentre dans une deuxième phase avec pour objectif global d’encourager le développement et l’ancrage communautaire et institutionnel de la pratique sportive des enfants comme vectrice d’épanouissement, de cohésion, et d’éducation réussie. Retour sur le bilan de ces 3 dernières années et les nouvelles perspectives du projet.

 

 

Ejo, une réponse aux problématiques éducatives locales

Le projet Ejo a été développé en réponse aux problématiques et vulnérabilités éducatives rencontrées au sein des 4 pays cibles d’intervention : Burundi, Kosovo, Libéria et Sénégal. D’une part, lors de la préparation du projet, PLAY avait noté que la problématique de l’accès à la scolarité se traduisait dans les quatre pays par :

     - une entrée tardive à l’école par rapport à l’âge prévu dans le cycle fondamental,

     - un fort taux de déscolarisation, 

     - l'abandon de l’école au passage du secondaire, particulièrement pour les filles et les enfants issus des minorités ou en situation de vulnérabilité accrue.  

Ces phénomènes s’expliquaient par plusieurs facteurs tels la vulnérabilité économique des foyers et des défis d’accessibilité (handicap, problématiques de genre, etc.).  

 

D’autre part, la problématique de la qualité de l’enseignement et de l’expérience éducative était prégnante avec certaines spécificités importantes à prendre en compte tel l’environnement éducatif de mauvaise qualité : engorgement des classes, temps d’instruction limité, violence scolaire, dont parfois sexuelle et un constat général quant à des méthodes et outils pédagogiques insuffisants, et ne permettant pas un engagement des élèves, voire des enseignants. Enfin, l’ensemble des pays souffrait d’un processus de décentralisation inabouti vecteur de disparités et inégalités territoriales, et mettant ainsi en péril la dissémination des plans stratégiques en région ainsi que les efforts d’assurance qualité.

 

 

Incubateur en Afrique de l’Ouest

En parallèle des actions dans les milieux scolaire et extra-scolaire, PLAY (via son Playlab) a créé un incubateur en Afrique de l’Ouest basé à Dakar pour contribuer à libérer l’impact social du sport et à répondre aux défis importants et urgents de nos sociétés :  

     - Soutenir le développement de programmes d'éducation et d’inclusion sociale par le sport émanant de la société civile  

     - Renforcer les capacités en matière de gestion de projet, suivi et évaluation, structuration de projet, et ingénierie pédagogique.  

     - Créer un écosystème et un réseau d'acteurs locaux en faveur de l'éducation et de l'inclusion sociale par le sport.

 

Durant plus de 3 ans, ce sont 5 Organisations de la Société Civile (OSC) qui ont été incubées et ont pu bénéficier d’un accompagnement :  

     - Terre en Mêlées (Burkina Faso et Togo) 

     - DENRO (Burkina Faso) 

     - La Balle aux Prisonniers (Côte d’Ivoire) 

     - Visions Mêlées (Côte d’Ivoire) 

     - Livr’raison/ASDAE (Côte d’Ivoire)

 

 

Quels sont les résultats de la phase 1 ?

La phase de diagnostics a été fortement marquée par la pandémie mondiale Covid-19 : état d’urgence, confinement généralisé et/ou application de couvre-feu, fermeture des écoles, interdiction temporaire de rassemblement (évènement et pratique sportive, réunions, etc.), de déplacements internationaux (empêchant les missions d’appui technique de terrain)… Les restrictions sanitaires ont largement compliqué la mise en œuvre d’activités de terrain permettant de conduire la mobilisation des premières cohortes de formés en extra-scolaire, mais aussi en milieu scolaire puisque l’accès aux écoles a été limité jusqu’à la rentrée scolaire de 2020-21, voire au-delà dans certains pays. Néanmoins les équipes et partenaires ont fait preuve d’adaptation pour poursuivre le projet, déployer les activités et atteindre les objectifs.

 

Objectif spécifique 1 : renforcer l’éducation des enfants par le développement d’activités socio-sportives dans le milieu extrascolaire

     - 70% des enfants ont acquis une meilleure compréhension des enjeux de scolarisation et des connaissances liées aux savoirs fondamentaux, aux compétences de vie.  

     - 60% des structures des milieux extrascolaires du projet sont en mesure de proposer des activités en autonomie.  

 

Objectif spécifique 2 : favoriser une école inclusive par la sensibilisation du corps enseignant et des enfants à l’importance de la scolarisation et de la lutte contre les comportements discriminants

     - Les enfants ayant bénéficié des activités se montrent plus inclusifs vis-à-vis de leurs pairs en situation de vulnérabilité (au moins 30% d'écart sur la base d'un pré/post test).  

     - 70 % des enseignants formés considèrent adopter un comportement plus inclusif envers les enfants vulnérables.  

 

Objectif spécifique 3 : faire émerger une dynamique collective à un écosystème d'acteurs institutionnels, communautaires, associatifs, œuvrant pour une éducation inclusive et une scolarisation réussie

      - 80 % des OSC incubées sont en capacité de proposer des activités d'éducation inclusive aux enfants.  

      - Les acteurs institutionnels ont pris ou envisagent de prendre des mesures suite au projet intégrant dans leur plan d'action stratégique le jeu sportif comme un outil éducatif inclusif.  

Bilan Ejo 1

 

Bilan Ejo 1

 

 

En route pour la phase 2 d’Ejo

Toujours soutenu par l’AFD, le projet Ejo prend un nouveau tournant. Ejo – Phase 2 (avril 2023 - mars 2026) continuera d’être déployé au Burundi, au Libéria et au Sénégal, et intégrera un nouveau pays en 2025, la Côte d’Ivoire. En parallèle, le Kosovo est désormais intégré dans un nouveau programme de trois ans lancé par PLAY dans les Balkans occidentaux, Sport 4 Resilience. Celui-ci a vocation à contribuer au développement d'une jeunesse civique, tolérante et résiliente face aux défis sociétaux au Kosovo, en Macédoine du Nord et au Monténégro.

 

Dans chacun des territoires d’intervention, PLAY entretient des liens étroits avec les Ministère de l’Education et leurs services déconcentrés. La planification et le développement des activités s’inscrivent dans les politiques nationales en matière d’éducation. Les institutions compétentes sont mobilisées dans la sélection des zones d’intervention, des écoles et structures accompagnées et dans la co-création des contenus pédagogiques qui ont pour vocation, à terme, à être inscrits dans les supports de cours nationaux.

 

Ejo – Phase 2 a pour objectif global d’encourager le développement et l’ancrage communautaire et institutionnel de la pratique sportive des enfants comme vectrice d’épanouissement, de cohésion, et d’éducation réussie.

Cela passe par :  

     - Objectif spécifique 1 : renforcer le bien-être, épanouissement et l’éducation des enfants de 6 à 15 ans par des pédagogies sportives innovantes et inclusives

     - Objectif spécifique 2 : promouvoir et ancrer le jeu sportif comme méthodologie pédagogique de l’éducation formelle et non-formelle reconnue capable de répondre aux enjeux scolaires et sociétaux par la société civile

 

Les nouveaux objectifs fixés :

     - 334 enseignants du primaire (dont 68 formateurs) - 40% femmes

     - 204 enseignants du collège (dont 12 formateurs) - 45% femmes

     - 381 animateurs (dont 47 formateurs) - 60% femmes

     - 3 870 participants aux évènements communautaires

     - 145 participants aux séminaires/conférences  

     - 52 OSC

 

Les axes prioritaires de la Phase 2 seront :  

     - les savoirs fondamentaux : renforcement de l’apprentissage des savoirs tels que compter, lire et écrire. Ainsi, le projet s’inscrit dans les objectifs des politiques nationales d’éducation pour le cycle primaire.

     - la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) : au collège, les contenus se concentrent sur l’égalité de genre et la lutte contre les VBG. Au-delà de contenus pédagogiques dédiés, PLAY attache beaucoup d’importance à la place des femmes et filles parmi les bénéficiaires directs et indirects du projet (50%).

     - le vivre ensemble : coopération, cohésion sociale et épanouissement des enfants.

     - les OSC locales : renforcement de capacités des OSC qui jouent un rôle dans l’éducation informelle

 

Afin de promouvoir le sport comme outil pédagogique pour une société plus inclusive, des séminaires sport et développement seront organisés dans chaque pays. Ces événements se feront en deux parties avec une conférence menée par des experts thématiques, et une mise en pratique des séances cocréées par PLAY.

 

Burundi

Au Burundi, 16 animateurs-formateurs ont déjà été identifiés pour intervenir dans les écoles et sur les terrains de sport. Leur présence au sein du milieu scolaire et extra-scolaire permet d'être au plus près des enfants pour promouvoir une éducation inclusive à travers le jeu et le sport.  

A la fin du projet, ces formateurs deviendront les tuteurs des animateurs et animatrices socio-sportifs de Bujumbura qui se déploieront au sein de chaque quartier.  

 

Ejo 2 Burundi, formateurs-animateurs

 

Dans le cadre de la deuxième phase d’Ejo, PLAY continuera de s’appuyer sur le savoir des organisations locales qui contribuent à la mise en place des activités auprès des petits et grands. Deux organisations de la société civile accompagnent PLAY sur et en dehors des terrains :  

      - Association pour la Promotion de la Fille Burundaise (APFB) qui cherche à éveiller une prise de conscience active auprès de la société burundaise pour une revalorisation de la place de la femme dans l'espace public.  

     - Association des Animateurs Socio Sportif pour la Promotion des Droits de l’Enfant (Assoprode) qui est constitué d'un réseau d'animateurs socio-sportifs présent sur tout le territoire et qui s'engage dans l'encadrement de la jeunesse burundaise.  

 

Un accompagnement et un renforcement des compétences de ces acteurs seront effectués tout au long du programme. Un premier atelier a déjà été organisé en août 2023 afin d’identifier les besoins en renforcement.

 

Sénégal

La poursuite du projet Ejo au Sénégal permettra une promotion de la pratique sportive qui est parfois une discipline négligée. En collaboration avec son partenaire Association de Solidarité Sportive, Culturelle et Artistique Nationale (ASSCAN), l’équipe de PLAY au Sénégal a effectué une enquête sur la pratique du sport à l’école primaire.

 

Enquête sur le sport à l'école primaire au Sénégal

 

Libéria

L’organisation Mercy Corps continuera de mener les activités au Libéria avec l’appui de PLAY. Elle s’appuiera également sur de nouvelles collaborations avec les OSC Jeunesse en action pour la promotion d'une éducation de qualité (YAPQUE), La jeunesse contre le tribalisme en Afrique (YATIA), et Big Dreams et Children Rescue Africa  (CRA).

Depuis le lancement du projet, l’équipe a pu identifier, avec l’appui des chargés d’Education des 2 régions, les différentes écoles qui bénéficieront du projet. De plus, les séances composant le kit sportif sur les violences basées sur le genre ont été coadaptées en présence de plusieurs experts des thématiques de genre et de la protection, des représentants du Ministère de l’Education et des professeurs d’Université. Les premières formations à destination des professeurs de collège auront lieu début octobre.  

 

Côte d’Ivoire

PLAY prévoit de s’établir en Côte d’Ivoire en 2025, majoritairement dans le nord du pays, dans la région rurale de Poro, qui concentre de nombreux défis en matière d’accès à l’éducation, notamment pour les filles. L’ouverture d’un bureau à Korhogo, la ville principale de la région, est prévue. Les départements où sera déployé le projet Ejo seront précisément sélectionnés suite à une étude diagnostique menée en deuxième année pour un démarrage des activités en troisième année.

 

 

En conclusion

La phase 1 du projet Ejo a été riche en enseignements. Ces enseignements ont été capitalisés tout au long de la mise en œuvre du projet, mais également lors de l’évaluation finale externe conduite lors du dernier trimestre 2022.

Cette perspective d’une phase 2 s’appuie sur le constat que le contexte opérationnel et éducatif reste en 2023 relativement similaire à celui de 2019 : les carences éducatives notées lors du lancement d’Ejo restent des défis auxquels les contextes d’intervention doivent faire face.

D’un point de vue opérationnel, Ejo a démontré la pertinence de son mode opératoire et de son approche partenariale, aussi bien auprès de la société civile qu’auprès des partenaires éducatifs institutionnels. Ainsi, l’évaluation externe finale a démontré que les outils de jeux sportifs au coeur d’Ejo sont à la fois très innovants sur les territoires de déploiement, mais également efficient en ce qu’ils facilitent la transmission de messages clés autour de sujets et de notions complexes (en lien avec les droits de l’enfant, les VBG, la lutte contre les discriminations…). Cela a également mis en valeur que l’outil du jeu sportif apporte une plus-value dans l’accompagnement éducatif des enseignants et des animateurs extra-scolaires qui disposent de peu de solutions innovantes pour répondre aux carences éducatives susmentionnées et pour faciliter la captation et l’apprentissage des enfants dans des contextes aux multiples défis.

 

A cet égard, la phase 1 d’Ejo a permis de confirmer l’avantage et même la nécessité de poursuivre l’utilisation et le développement de tels jeux sportifs pour continuer la sensibilisation des enfants par ce biais. Pour ce faire, PLAY continuera la démarche d’ancrage des nouveaux contenus dans les réalités de terrain par des diagnostics territoriaux et un processus participatif de cocréation pédagogique pour tout nouveau contenu, garant de la pérennité de l’usage de ces jeux sportifs par les éducateurs.