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Au Burundi, le plaidoyer pour rendre accessible le sport pour tous et toutes s’effectue entre autres, par des actions communautaires. Le samedi 24 février des élèves, parents, personnes en situation de handicap et valides se sont retrouvés sur un terrain de sport pour partager un moment de joie et de cohésion. Lors de cette demi-journée sportive et intergénérationnelle, des matchs de football et des ateliers ludiques ont eu lieu entre équipes mixtes.
Au Burundi, le plaidoyer pour rendre accessible le sport pour tous et toutes s’effectue entre autres, par des actions communautaires. La Fédération Burundaise de Football Amputée était représentée par 10 participants dont 50% de femmes. Des élèves de l’ECOFO FOREAM âgés de 13 à 17 ans étaient au nombre de 30 dont 50% de filles ; enfin des parents d’élèves, au nombre de 8 se sont également intégrés aux équipes. En parallèle des activités sportives, des temps d’échange menés par une médiatrice professionnelle ont été organisés en petits groupes afin de proposer un cadre plus intimiste pour aborder le sujet de l’inclusion sur et en dehors des terrains de sport.
Ces groupes étaient accompagnés et encadrés par des animateurs et animatrices du réseau PLAY pour encourager et coordonner cette demi-journée-sportive. Les adolescentes au Burundi sont souvent soumises à une privation de choix et de liberté due aux grossesses précoces et travaux domestiques ainsi qu’au regard de la société portée sur la condition féminine. L’inclusion sur et en dehors des terrains de sport est une priorité pour PLAY. La mise en relation de différents publics permet de partager les obstacles et les solutions en faveur d’une pratique sportive pour tous et toutes.
Certaines des participantes nous ont fait par de leur parcours et situation.
"Je m’appelle Francine, j’ai 26 ans, j’habite dans la commune Ntahangwa, Zone Kamenge, Quartier Mirango 1. Je vis avec un handicap physique d’une jambe. J’ai commencé à pratiquer le football for amputee en octobre 2023. Pour le découvrir, je suis allée sur le terrain par curiosité et j’ai découvert qu’il y avait des jeunes en situation de handicap qui sont en train de jouer au football. Ça m’a intéressée et j’ai demandé de m’inclure dans le jeu et j’ai été incluse. J’avais commencé à jouer au sitting volleyball mais c'était difficile de m’adapter à ce jeu. Pour le football, j’ai trouvé que c’est facile. Auparavant j’étais gênée par le port des béquillés car je n’en avais pas l’habitude mais au fur et à mesure, je me suis adaptée. Les personnes qui me démoralisent ne manquent pas en disant que je suis folle de pratiquer le football mais je ne donne pas de valeur à leurs propos. Je me dis qu’il faut avancer et poursuivre mon objectif personnel car je garde espoir que l’avenir me réserve de belles surprises. Quand les membres de ma famille me croisent sur le terrain en train de jouer, ils sont surpris de voir comment je suis active. Ils pensaient que c’est impossible avec mon état physique. Quelque fois il m’arrive de me décourager et avoir envie d’abandonner mais les autres filles qui ont pratiqué le football avant moi m’encouragent beaucoup car elles aussi ont passé dans la même situation. Elles me demandent de persévérer et dépasser le regard et appréciation des autres et poursuivre mon objectif. Je remercie le bon Dieu pour le pas déjà franchi car j’ai déjà surmonté beaucoup d’obstacles. J’invite les filles vivant en situation de handicap à répondre librement aux activités sportives. Au Burundi, le sport pour les filles n’est pas valorisé au même niveau que celui pour les garçons. Les filles vivant avec handicap ont beaucoup d’obstacles car la population voit qu’elles ne sont pas capables. En revanche elles sont capables. Il suffit seulement de ne pas prêter oreille aux gens qui nous découragent. Quand je regarde le pas déjà franchi, je trouve que j’ai beaucoup progressé même si le début est toujours difficile. Nous gardons espoir que nous arriverons très loin même à l’étranger.
Je me sens très fière quand je joue avec les autres. Ça me permet de dépasser mes émotions, de me déstresser et de me détendre. Quand je joue, cela me permet de sortir de ma zone de confort et j’oublie parfois que je suis en situation de handicap. Le sport m’a permis de me sentir à l’aise en éliminant le stress et j’ai renforcé mon état de santé. Avant la pratique sportive, j’étais en surpoids mais pour le moment je me sens très souple et je peux marcher depuis la maison jusqu’au jardin public.
Pour le moment, nous sommes soutenus par notre fédération FEBUFA (Fédération burundaise de football pour amputés) mais ne se suffit pas. J’appelle toutes les organisations tant nationales qu’internationales à nous soutenir afin que nous puissions aller plus loin. Nous avons besoin d’être soutenu en équipement sportif et en matériel et accessoires handicap."
"Je m’appelle Audrey, j’ai 18 ans j’étudie à l’école fondamentale Buyenzi et j’habite en commune Mukaza, zone Nyakabiga. J’étais très intéressée quand je voyais les enfants jouer au football. J’ai appris à jouer au football à l’école pendant le cours d’arts et éducation physique. Des fois, ça me fait peur car je joue avec les garçons. On pense que les garçons vont nous casser les jambes. J’ai commencé à jouer au football en 2020. Je ne pratique pas le football dans un club mais plutôt à l’école. J’habite chez ma tante et c’est difficile de me libérer pour aller jouer. Quelque fois je demande l’autorisation pour aller jouer mais c’est compliqué de me libérer. Les parents tuteurs pensent que je ne vais pas jouer et je risque d’aller dans le vagabondage ce qui fait qu’ils me limitent. Nous observons que les filles sont sur un niveau plus bas de la pratique sportive que les garçons. Parfois je suis découragée de pratiquer le sport, d’autres fois j’en ai envie. Je demande aux filles de fournir des efforts pour pratiquer le sport. Nous demandons un soutien auprès des organisations compétentes pour nous sensibiliser sur les bienfaits du sport afin que les filles fassent l’effort de participer dans les activités sportives sans crainte."
Cet événement s’est déroulé avec l’appui du Ministère de la Jeunesse et des Sports du Burundi ainsi que le service des sports de la Mairie de Bujumbura. Ces évènements sportifs sont motivés par la contribution qu’apporte le sport à la cohésion sociale au Burundi dans le cadre du projet Ejo - Phase 2. Ejo s’efforce de continuer les efforts de soutien à l’éducation par une approche intégrée dans le scolaire (primaire et collège) et l’extrascolaire.
