« Ce ne sont pas les écrans qui sont toxiques, mais leur mauvais usage. » dit Serge Tisseron, Psychiatre et membre de l’Académie des Technologies. Une utilisation excessive des écrans peut avoir des effets délétères sur la scolarité, le bien-être, le comportement et les relations avec les autres. Toutefois, ils peuvent aussi être de formidables outils permettant aux enfants de développer d’autres formes d’apprentissage et un accès aux savoirs très large !
Face à ce constat, PLAY International, avec le soutien de la Fondation « Laureus Sport for Good» et en partenariat avec le Ministère de l’Education nationale, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), l’Association 3-6-9-12 et l’USEP 69, a co-construit un projet Pilote "Bien Utiliser Les Écrans" (BULE). L'objectif de cette séquence de 6 séances est de sensibiliser, à travers le jeu sportif et le débat, les élèves de Cycle 3 à mieux comprendre les risques liés à la surexposition aux écrans et à construire des repères pour une utilisation raisonnée. Le but n’étant donc pas de diaboliser les écrans mais d’aider les élèves à favoriser une bonne utilisation de ces derniers. Une évaluation de ce projet pilote est accessible ICI.
Bien utiliser les écrans
Cette séquence pédagogique a pour objectif d'amener les élèves de Cycle 3 à mieux comprendre les risques liés à la surexposition aux écrans et à construire des repères pour une utilisation raisonnée. Ce kit est composé :
- d’une fiche thématique qui présente le contexte, les enjeux et les notions clés liés à la thématique Bien Utiliser les écrans.
- de 6 séances utilisant la méthode Playdagogie, méthode de pédagogie active et participative développée par PLAY International qui permet d’intégrer la thématique de sensibilisation au sein même du jeu sportif et du débat.
Le kit vise notamment à favoriser le dialogue, sans jugement, et à questionner les élèves sur leurs ressentis, leurs représentations et leurs idées reçues. Il s'agit également de trouver des solutions collectives, puisque l’un des plus grands problèmes des écrans est que son utilisation peut parfois isoler.
Les enjeux principaux dans l’approche de la thématique avec les élèves se situent donc dans la compréhension et l’identification des signes d’une utilisation excessive des écrans et les risques associés (sur la santé, les relations sociales, la scolarité, etc.), ainsi que dans le fait de favoriser l’émergence de bonnes pratiques pour une utilisation raisonnée des écrans.
Exemple d'une séance
"LES 3 PAS " : un jeu collectif pour amener les enfants à identifier et développer des bonnes pratiques pour favoriser une utilisation des écrans plus outillée et plus autonome.
A destination des professeurs des écoles qui travaillent auprès des élèves de Cycle 3 (8-12 ans), tous les contenus sont accessibles gratuitement sur notre médiathèque pédagogique !
JE découvre les résultats de l'évaluation auprès des élèves et des participants
Un kit co-cré en 3 temps
Phase 1 : Co-diagnostic
Co-définition des enjeux liés à la thématique de sensibilisation à aborder et des objectifs éducatifs du kit.
Cette phase de co-diagnostic a été réalisée au 1er semestre de 2019, en partenariat notamment avec la MILDECA et le Docteur Serge Tisseron
Phase 2 : Ateliers de co-construction
Co-construction de séances de Playdagogie avec des enseignants et des experts thématiques.
2 ateliers de co-construction furent menés sur l’Académie de Lyon en Mai et Juin 2019
Phase 3 : Test et validation
Test, à plusieurs reprises, de chaque séance co-construite, ainsi que de la séquence complète, auprès d'élèves de cycle 3 et leurs enseignants de Novembre 2019 à Février 2020
+ d'infos sur notre processus de co-création
BULE, un PROJET pilote évalué
Au total, ce sont 206 élèves, en classe de CE2, CM1 et CM2 sur les Académies de Lyon, Macon et Rouen, qui ont testé ces séances dans 5 écoles élémentaires, dont une en REP+, une en DIFF et une en Zone Violence. 14 professeurs des écoles, dont 6 ayant participé à la co-construction du kit, ont participé à l’animation et aux tests des séances. Pendant 3 mois, 54 tests ont été réalisés dans les écoles à une fréquence d'1 à 2 séances par semaine.
Des élèves sensibilisés
A destination des élèves, un questionnaire (“pré-post tests”) a été construit avec les professeurs des écoles afin d’évaluer l’évolution des représentations des élèves suite à leurs participations aux 6 séances.
Les résultats des pré-post tests permettent de montrer que l’évolution des représentations, au travers de ce kit, est possible chez la majorité des élèves. En moyenne, une progression de +5 points est notée entre le pré-test et le post-test et plus de 86% des élèves présentent un écart positif.
« Les écrans sont bien mais peuvent nous abimer la santé » nous confie Léa, 8 ans, « On peut encore regarder la télévision mais il faut moins la regarder le matin, pendant le repas et le soir » affirme Zoé, 9 ans, « [Grâce aux écrans], on peut apprendre des choses. » explique Ayman,10 ans
Des partenaires et professeurs des écoles convaincus
83,33% des participants, qui ont testé l'intégralité de la séquence des 6 séances se disent "Tout à fait satisfait" de l'objectif de sensibilisation des élèves à une bonne utilisation des écrans.
L’intégralité des participants au projet (professeurs, experts thématiques et institutionnels) ont jugé la qualité du contenu pédagogique du kit « bon » (41,67%) ou « excellent » (58,33%).
Stéphane, professeur des écoles en CE2 et CM1 à l'école John Kennedy à Lyon s'exprime «Cela a permis aux élèves de réfléchir, se questionner à travers les séances de Playdagogie sur l'utilisation excessive des écrans et suite à plusieurs séances je pense que ça a permis aux élèves de les sensibiliser et aussi de les prévenir sur cette utilisation.»
« Grâce aux 6 séances, chacun a pu initier un chemin de réflexion pour être moins passif, plus critique face aux écrans et les temps de débat ont aussi permis de s’enrichir des façons de faire et des astuces (chronomètre etc.) des camarades » « Contenu de qualité et original, adapté au public cible » Témoignage anonyme de 2 participants ayant répondu à l'évaluation.
Résultats de l'évaluation auprès des élèves et des participants
Ils en parlent
Ce projet pilote a été présenté lors d’une conférence petit déjeuner UP Pro, le Jeudi 6 février 2020 au Café Fluctuat Nec Mergitur (Paris 11) en présence de :
- Serge Tisseron, Psychiatre, membre de l’Académie des Technologies, auteur et docteur en psychologie ;
- Amandine Thibert, Professeure des écoles, participante au programme Playdagogie
- Olivier Masson-Halimi, Chargé de mission pratiques numériques à la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA).
visionner la vidéo de la conférence
Serge Tisseron, spécialiste des usages des écrans depuis les années 1990, nous apporte son regard d’expert. Avec des membres de l’association 3-6-9-12 qu’il a fondée pour sensibiliser à l’usage des écrans, il a participé à la co-création de ce kit pédagogique.
Dans cette co-création de séances pédagogiques, Amandine Thibert, professeure des écoles en zones REP et REP+ dans l'Académie de Macon, a également apporté sa précieuse expérience de terrain. Dès 2014, elle s’est intéressée au sport et au jeu comme outils pour renouveler notamment sa manière d’enseigner l’éducation civique et morale.
Tous deux ont accepté de répondre à nos questions pour mieux comprendre l’intérêt de cette méthode basée sur le jeu sportif et l’échange. Ils nous proposent des pistes pour que les enfants puissent adopter une attitude raisonnée dans leur utilisation quotidienne des écrans.
Quels sont les intérêts de cette méthode pour sensibiliser aux enjeux sociaux et sanitaires liés à une surutilisation des écrans ?
A.T. : L’intérêt de la méthode Playdagogie, c’est de les faire réfléchir. [...] Même si ce n’est pas dans l’immédiat, ils réfléchissent différemment ensuite. L’objectif est de faire ressentir des émotions aux enfants et de mettre en jeu le corps [...] les enfants fixent beaucoup plus significativement ce que l’on veut faire retenir comme information. L’intérêt de cette séquence c’est d’apprendre aux enfants qu’il faut limiter son temps sur les écrans, ce que l’on ne leur dit pas forcément à la maison. Les écrans peuvent être un très bon outil, mais il faut apprendre à s’en servir efficacement.
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Vous avez participé à de nombreuses études et projets sur l'utilisation des écrans, en quoi le projet pédagogique porté par PLAY International vous a-t-il intéressé ?
S.T. : Il prend le problème à sa source : l’implication du corps comme levier du changement de comportement. Si l’on veut changer les comportements, il faut impliquer le corps. Pour changer d’habitude, il faut qu’il y ait un levier émotionnel, qu’on se sente impliqué émotionnellement. Vivre une expérience, l’éprouver physiquement, engage bien plus qu’un apprentissage uniquement théorique. Susciter des émotions dans une activité corporelle, c’est utiliser un puissant levier de changement, beaucoup plus efficace chez l’enfant que chez l’adulte.
Une thématique prisée des médias
L’utilisation des écrans est un sujet d’actualité dans une société de plus en plus connectée où les outils et les usages ne cessent de se développer à grande vitesse. La présence des écrans en milieu scolaire croît également, notamment avec la distribution de tablettes dans certains établissements, l’exploitation pédagogique de l’outil informatique ou le partage d’informations via Internet entre les enseignants et les élèves.
Contact projet :
Michaël Delay - Coordinateur des programmes France
michael.delay@play-international.org
Contact presse :
Laetitia Personnaz - Responsable communication
06.63.16.56.72 / laetitia.personnaz@play-international.org